Sus au Bore-Out : comment réengager un employé ?
Etudié depuis 2007 dans l’ouvrage « Diagnose Bore-Out » de Peter Werder et Philippe Rothlin, cet anglicisme signifie « l’ennui au travail », ou la sous-charge de travail. Cette maladie professionnelle est plus répandue qu’il n’y parait en Occident, et notamment en France. De quoi parle-t-on exactement et comment y remédier ?
Le syndrome du bore-out est un phénomène qui concernerait 30% des travailleurs en France, comme le décrit Christian Bourion (rédacteur-en-chef de la Revue internationale de psychosociologie et professeur) dans son livre éponyme. Concrètement, il s’agit d’un épuisement professionnel par l’ennui, à prendre tout aussi sérieusement que le burn-out, qui serait logiquement le syndrome inverse – à savoir l’épuisement professionnel par la surcharge de travail.
Cette souffrance psychologique, littéralement traduite par « surplus d’ennui », est due au manque de tâches à effectuer et à l’absence de sens dans le travail du salarié. Ce dernier se retrouve ainsi sous-employé par son entreprise, parfois délaissé, voire « mis au placard ». Il passerait au minimum 2 heures, ou pire, toute la journée à ne rien faire !
Les conséquences de ce cercle vicieux de l’ennui ne sont pas à prendre à la légère ; elles peuvent aller de l’anxiété à la dépression, en passant par des vertiges, de la fatigue ou des pertes de mémoire. Comment combattre ce fléau et redonner un coup de boost à ses employés ?
1. Faire le point
Ouvrir le dialogue est une étape primordiale pour briser le tabou : en entretien ou à l’écrit, le salarié doit pouvoir exprimer son rapport au travail à coeur ouvert. Est-il satisfait de ses missions ? Son quotidien le pèse-t-il ? Souhaiterait-il travailler davantage, ou changer de missions ? Une promotion est-elle envisageable s’il est surqualifié ?… Pour aiguiller ses réponses, un bilan de compétences est de mise. Cette prise de recul permettra d’analyser les besoins réels et les motivations du salarié, et déterminer s’il se trouve à la bonne place ou non.
2. Revaloriser le salarié
Alors que la reconnaissance de cette maladie professionnelle se fait doucement en France, elle provoque souvent un sentiment de honte chez le salarié. De plus, un petit nombre de tâches à accomplir ou un manque de stimulation intellectuelle engendre progressivement une baisse d’estime de soi. Le salarié, se sentant inutile, se renferme alors sur lui-même. Afin de (re)donner du sens à son travail, il faut casser sa routine auto-destructrice en lui proposant par exemple des missions différentes, de nouvelles responsabilités, de nouveaux objectifs à atteindre ou un projet à mener… Bref, le challenger !
3. Améliorer le processus de recrutement
Pour un jeune diplômé en poste dans son premier emploi (ou parfois simplement un nouveau salarié lambda), il peut y avoir un réel décalage entre ses attentes, la liste des missions à effectuer sur la fiche de poste, et la réalité du métier sur le terrain (ou derrière le bureau). D’une part, l’entreprise ne doit pas se survendre dans son annonce ou à l’embauche, ni déformer la réalité du quotidien du poste à pourvoir ; d’autre part, le nouveau salarié doit pouvoir se rendre compte des tâches à effectuer et les accepter, en étant sûr qu’il correspond au profil recherché.
4. Accompagner le changement
Très souvent, le bore-out traduit une inadéquation entre le salarié et le poste qu’il occupe. Il devient alors nécessaire de réfléchir à un changement radical, qui permettrait de réduire à néant les effets néfastes de ce syndrome. Il peut s’agir d’un changement de poste en interne (différent pôle, mutation, promotion…), pourquoi pas accompagné d’une formation pour monter en compétences ; d’un départ à l’amiable, bénéfique aux deux parties ; ou d’une reconversion que seul le salarié est en mesure de juger. Dans tous les cas, refuser le statu quo.
Ces pistes doivent évidemment s’accompagner de remises en question de la part de l’employeur comme de l’employé ; d’écoute active et de considération. Tendre la main et accepter de la prendre rendront la situation propice au changement, à l’amélioration des conditions de travail et surtout à contrer le bore-out.
Marianne SHEHADEH